Anges - Julie Grelley - La caverne d'Ankya

5 avril 2010

Anges - Julie Grelley

9782226193919 (*)
Auteur : Julie Grelley
Année : 2010

Quatrième de couverture :
Colline, trente-trois ans, cent dix kilos, employée modèle d’un magasin de bricolage, est en liberté conditionnelle. Il fut un temps où elle s’appelait Lynn, et défilait sur tous les podiums de haute couture. Avant qu’elle ne se décide à s’auto-détruire et à enlever de jeunes garçons, pour mieux les sacrifier à sa mission christique…
Parler avec la voix de la folie plutôt que parler de la folie, c’est le pari de ce premier roman sombre et violent, impeccablement mené, où l’on suit, le souffle coupé, une narratrice psychopathe à l’intelligence acérée, éprise d’absolu et de pureté, nous raconter sa quête désespérée d’êtres parfaits.

Mon avis :

Dès les premières phrases de ce roman, on sent que quelque chose cloche dans la narration: "Colline aime les outils. Les aime de tout mon cœur." (p.10). Est-elle une ? Est-elle deux ? Plus encore ? Anges est l'histoire de Colline, un jour tombée amoureuse des castras. Anges car asexués, ne connaissant pas le plaisir charnel. Ce pêché. Anges est l'histoire d'une serial killer, délinquante sexuelle. Mais seulement un seul de ces deux profils n'est connu de la police.

Morbide ? Vous avez dit morbide ?

Julie Grelley maîtrise son style. Les phrases sont fluides et le livre se lit rapidement... Mais c'est sans compter sur le contenu de l'histoire. Au début de livre est "intéressant", il captive. Puis arrivent les pensées de Colline, ses plans. Et c'est là que ça dérange. "L'idée de recoudre après la purification m'est venue tardivement. Pendant longtemps, Colline a utilisé un fer à souder mais ça ne marchait pas très bien." (p.93). Mais la violence n'est pas qu'envers ces petits personnages. On retrouve le sujet de la schizophrénie, de l'automutilation, du piège (André, ce pauvre André...).

Chose que je n'ai pas souvent lu: le narrateur est Colline (ou du moins une des voix dans sa tête). Le lecteur est placé au cœur du mécanisme de pensée du tueur, du fou. Il suit sa logique. Le côté schizophrène est maîtrisé par l'auteur de sorte que les phrases à plusieurs personnages représentant la même personne sont fluides et ne choquent pas dans leur structure.

(*): S'il n'y avait pas eu le sujet des jeunes enfants ainsi qu'une autre fin (que je ne dirai pas pour ne pas spoiler), j'aurais mis 4 étoiles. Car ce livre est vraiment prenant. Malheureusement le sujet est à mon goût trop sensible pour effectuer ce genre d'histoire.

On ressent beaucoup l'influence de Joyce Caroll Oates dans ce texte, le côté malsain, le côté piège. Julie Grelley nous livre ici son premier roman sans pour autant être une novice. En effet, elle a écrit quelques courts et moyens métrages avec des amis. Pour ma part, il s'agit d'un écrivain à surveiller, car sa plume a un "truc".

Un grand merci à Livraddict ainsi qu'aux éditions Albin Michel pour ce partenariat.